1. l’Age Mythologique ( 14 500 ans Av-Si)

Alors que l’ère de la Génèse  s’achève sur une utopie onirique, le monde tel qu’il existait à ses prémices disparût peu à peu. Les humains, ignorant les raisons même de leurs présences sur Océanos, vivaient encore en harmonie, subsistant avec le peu de ressources que la nature daignait leur accorder, pourvu que rien ne vienne altérer leur âme, un concept qui est d’ailleurs apparu pour la première fois dans les textes de cette époque ; tandis que les Dieux, en dépit qu’ils demeuraient relativement proches des peuples, s’isolaient, choisissant des « élus », des humains à qui ils enseignaient, afin de leur permettre d’enseigner à leur tour, les rudiments techniques tels que la lecture, l’écriture ou l’art de l’agriculture et de l’élevage, tout en veillant à limiter ce partage de connaissances afin de conserver leur emprise. Hélas, au fil des siècles, l’équilibre se délita, rompant avec cette harmonie datant de la nuit des temps.
Des hiérarchies se constituèrent. Les liens entre les Dieux et Keraton se tendaient peu à peu, les premiers clamaient la juste part de leur travail qu’ils considéraient comme plus laborieux que celui de l’Ingénieur qui se contentait d’observer le théâtre dont il fut le créateur. Rapidement, lesdits Dieux firent une observation que jamais ils ne communiquèrent à leur Créateur. En effet, au fil des siècles, devenait trouble, les manuscrits religieux dédiés à Keraton disparaissaient tout aussi mystérieusement, au profit des Dieux qui offraient leur soutien aux peuples. Le peuple oublia peu à peu Keraton. Les Dieux quant à eux se réjouirent de voir leur puissance croître à mesure que le nombre de leurs fidèles augmentait. Bien vite, chez tous germa l’idée de fonder sa propre religion, selon ses vues et préceptes. Chaque Dieux, élevés ou créés directement par Keraton avait acquis par ce statut la connaissance suprême, mais si Keraton offrit les clés, il ne disait pas un mot sur la façon de s’en servir. Chacun était libre de se forger sa conviction sur ce que devait être un monde parfait. C’est ce que chacun fit et le monde entier fut divisé par les religions qui s'assurèrent que sees habitants vécurent sous le joug des « Dieux-Rois » pendant un millénaire.
Dès lors, il vint le logique problème qui s’ensuit. Les populations s'accroissant, la nécessité de disposer de davantage de terres était telle qu'il était fréquent d'empiéter sur un territoire appartenant à un autre Dieu. Les querelles devinrent des rivalités et les rivalités devinrent des conflits pour ensuite aboutir à de véritables guerres personnelles entre dieux. En outre, si un peuple désirait plus de terres, le Dieu quant à lui aspirait à conquérir plus de fidèles. Les conversions forcées devinrent le moyen idéal, et pour cela il fallait envahir puis détruire tout ce qui se rattachait à l'ancienne divinité ; la notion de guerre apparut dans les textes de l’époque, de même que la notion de « faux-dieu ». Horrifié, Keraton réapparut aussitôt afin de restaurer l’ordre – au grand déplaisir de ses fils et filles qui condamnèrent unanimement l’ingérence de leur Père, ce dernier ayant d'ailleurs tardivement comprit que de tristes heures s’annonçaient durant lesquelles le sang allait couler, le sang des enfants de ses enfants, ceux-là même qu'il chérissait.

2. L’inéluctable. (14 000 Av-Si)

Si l'on clame volontiers que seul un Dieu peut prédire l’avenir, comme il peut lire le passé, le futur n’est en vérité jamais écrit, seules des possibilités figurent car tout n'est que probabilités. À l’évidence, la seule certitude est la mort elle-même. Il parait, cependant, qu’un dieu est capable de déchiffrer l’ensemble des probabilités qui se fondraient en un seul et simple calcul mathématiques tenant en compte un nombre quasi-infinie de paramètres. Hélas, excessivement affecté par le destin tragique de ces mortels qui avaient tous reçu de lui la capacité de se reproduire, Keraton en vint à négliger le futur pour se consacrer à apaiser les souffrances de sa progéniture. Devait-il se méfier des Dieux, de ceux qui devaient l’aider à assurer l’ordre et l’harmonie au sein du monde ? C’était, à son sens, impossible. Qui diable donc pourrait lui tourner le dos, lui qui détenait la connaissance sur toutes choses ? De plus, il ne pouvait éradiquer purement et simplement sa divine progéniture car leurs fidèles seraient perdus, les guerres se prolongeraient et lui-même serait déconsidéré. Il lui fallait donc quelqu’un d’impartial et apte à corriger ses propres torts. Il devait créer un intermédiaire entre le Dieu et l'Homme, un être qui n’aurait ni la connaissance absolue, ni magie divine, et qui ne verrait ni le besoin de rassembler autour de lui un cortège de fidèles. Un être rationnel capable de modérer les actions des Dieux. C’est ainsi que naquit le premier maître du temps, un homme parmi tant d'autres que Keraton prit sous son aile alors que le malheureux était sur le point de mourir, lui offrant une seconde vie. Il lui insuffla ce pouvoir qu’il devrait apprendre à maîtriser sur des décennies. Aux yeux de Keraton, c’était peu, chaque jour équivalant à une décennie. Le premier maître du temps fut ainsi formé à la faveur de l’enseignement prodigué par le Créateur ; et, au grand désarroi de Keraton, celui-ci ne mit pas longtemps à lui révéler le tragique avenir du monde qu’il avait aperçu et les désastres des fléaux causés par les Dieux.

3. Le complot des parjures (13 800 Av-Si)

En dépit des conséquences qu'engendrerait pareille décision, Keraton décréta la mort de tous les Dieux qu’il avait créés. Ces derniers, ayant entrevu cette possibilité qui, au fil des jours, devint une certitude, saisirent rapidement qu’il n’y aurait qu’un seul vainqueur dans cette confrontation : Keraton ou eux. Or, s’ils ne pouvaient pas tuer leur créateur, ils étaient capables de lui ôter sa force. Keraton avait confié une grande puissance aux Dieux mais depuis que leurs cultes attiraient la foi de nombreux adeptes, celle-ci s’étaient considérablement accru. A eux seuls, ils jetèrent Keraton dans les méandres de l'oubli. Dès lors, pourquoi Keraton n’a-t-il rien vu venir alors qu’il disposait du maître du temps qui lui était dévoué ? La destruction des Dieux nécessitait une planification rigoureuse et, seul, il en aurait été incapable. Si tragique que fut son emprisonnement, pire encore était que la mort frappait même les immortels, la faucheuse synonyme de toute fin devant s’armer de patience pour frapper autrement. Ainsi, il confia à son disciple, le premier maître du temps, ses dernières volontés. Puisque les Dieux ignoraient l’existence de ce dernier, alors il devrait attendre que Keraton ne soit plus puis pénétrer les infinités des méandres de l'Oubli pour recueillir chaque fragments de son essence afin de les disperser, de sorte à ce que jamais son souvenir ne s’efface jusqu’au jour où le monde serait prêt à le voir revenir - un jour lointain car les fidèles l'ignoraient pas plus qu’ils ne l’adoraient. Il lui demanda également de former d’autres maîtres du temps car il le savait, le temps des Dieux était loin de s’éteindre et qu’il faudrait des maîtres du temps tant que les Divinités régneraient sans partages. Disperser les fragments dans le monde entier eut cependant d’étranges répercussions. En effet, leur diffusion semblait confier aux hommes de nouvelles capacités, comme s’ils détenaient désormais d’infimes parties de la puissance de Keraton. Ces hommes, initialement, ne comprirent pas pourquoi il en était ainsi car nul ne savait que ce phénomène était directement du à la disparition de Keraton ; les Dieux choisirent au préalable d’éluder l’apparition de ce qu’ils nommèrent « l'Helshaar »,  avant de s’en prétendre être les créateurs. Un mensonge en somme. Au fil des générations, la magie se transmettait par le lien du sang, provoquant l’apparition de nouvelles races. Les Dieux, à présent démunis, n’eurent meilleure idée que d’offrir à certains humains « l’élévation ».Conséquences de l'avènement de ces élus, de nouvelles religions naquirent, de nouvelles guerres déchirèrent l’humanité. Cette ère se distingua par la segmentation des races réparties selon des religions multipliées, des variantes de celles-ci, et bientôt enfin l’émergence de Dieux endossant des attributs philosophiques tels que l’amour, la guerre, la justice.

4. La tyrannie des Dieux (13 500 Av-SI)

Marquée par le règne tyrannique des Dieux, cette époque commence par l’essence de magie qui s’est répandue à travers le monde, provoquant des mutations au sein de l’humanité. Une ère qui reste à l’heure d’aujourd’hui comme une des plus sanglantes de notre histoire. Oubliez au plus vite vos idées préconçues sur les Dieux, à cet Âge-là, ceux-ci différaient de ce que vous pourriez lire dans les vieux contes. La soif de puissance, la cupidité, l’orgueil, ont corrompu les Dieux. Cela dit, ils ne constituaient qu’une majorité : on dénombrait seulement des dizaines de dieux vertueux dédiés au maintien de la paix et à la protection des fidèles. En seigneur tout puissant, le Dieu disposait d’un royaume étendu où il était maître et rares étaient ceux qui agissait au nom du bien-être du peuple. En effet, le Dieu n’était plus seulement la figure sacrée et divine mais aussi un chef de guerre - imbu des plaisirs que compte une vie de mortel. Asservis, des peuples entiers furent bafoués et subjugués à la puissance d’un Dieu, qui les considérait comme son propre bétail. L’éducation des jeunes générations était d’ailleurs censé imprimer dans leur esprit l'art de servir leur Dieu-Roi, et que tel était le seul but respectable de leur existence. C'est tardivement que cette situation changea. Plusieurs facteurs en furent la cause. Les maîtres du temps s’étant multipliés, dans l’ombre et sous la direction du premier maître éduqué par Keraton lui-même, ils formèrent l'unique force d’opposition face à cette véritable tyrannie. Parcourant les villes et villages afin de transmettre leurs convictions aux habitants, pour tenter d’insuffler aux fidèles une réflexion sur la réelle existence des dieux et sur leurs desseins. Le risque était grand. Cependant, la capacité des Maîtres du temps à explorer le passé et entrevoir le futur leur conféra du pouvoir et une sagesse que les aristocraties mortelles appréciaient. Au prix d’exécutions et de sanglants massacres, elles se risquèrent à diffuser leurs idées La deuxième raison fut un évènement marquant de l’ère : la mort d’un Dieu. La cause de sa chute ? Tous ses fidèles avaient été décimés dans une énième guerre de religion par les fidèles d’un autre Dieu et à défaut de fidèles, celui-ci périt. Ce fut un choc. Les dieux n’étaient donc pas invincibles. Pire encore, sans fidèles, ils n’étaient rien. Les maîtres du temps s’employèrent aussitôt à diffuser cette nouvelle, et cette vérité se répandit comme la peste pour les Dieux qui furent dès lors contraint de déployer leur puissance afin de conserver l’emprise qu’ils exerçaient sur la population. La dernière raison fut l’apparition d’un culte en l'honneur d’une Déesse, celle du Désir : Shaïra Astrafidelis. Elle souhaitait apaiser les maux des mortels et permettre aux fidèles de ne plus dépendre des Dieux en réalisant leurs souhaits. Seulement, ceux-ci condamnèrent la démarche de Shaïra et l’éliminèrent d’un habile jeu de manipulation, enclenchant ainsi un véritable fléau : les humbles serviteurs de Shaïra, pourvoyeurs de souhaits, considérèrent le meurtre de leur créatrice comme un affront et décrétèrent la mise à mort de tous dieux et fidèles responsables de ce crime. S'alliant avec les maîtres du temps, ils devinrent cruels et, fréquemment, faisaient appel à de terribles mesures afin d’abattre leur courroux. Contrairement à leurs frères d'armes qui s'employèrent à éclairer l'esprit asservi des différentes humanités, les Élus Shaïriens firent tout ce qui étaient en leur pouvoir pour insuffler l’esprit de l’insurrection afin de susciter une colère noire contre tous ceux qui étaient trop naïfs pour se fier aux Dieux. Des attentats meurtriers, des révoltes généralisées, de véritables assauts contre des symboles architecturaux du règne des « Dieux-rois » se multiplièrent. En réaction, les Dieux firent la guerre aux Élus Shaïriens. Ces derniers, dont la puissance n’égalait guère celle des maîtres du temps, furent contraint de se dissimuler au sein même de la société qu’ils abhorraient pour y opérer de nombreuses fractures.

Les feux de la fureur embrasèrent dès lors les peuples. Sur les immenses cités de métal que les dieux avaient édifié ne se déchaînait plus que les vents de la colère, et peste fut la dévotion qui inspira le cœur des peuples durant des millénaires ! Une noirceur indélébile imprégnait la terre, et ce furent d’épais nuages qui assombrirent le ciel et le destin des hommes. Désemparés, ils étaient promit aux malheurs. La fureur des élus Shairiens fit rage dans toutes les capitales, les explosions, les insurrections se multiplièrent et pire encore, famine et épidémies semaient morts et désolations.  Privés de la dévotion de leurs fidèles, la puissance des Dieux s'amoindrit peu à peu, et à l’aune de ces calamités, l’humanité ne toléra désormais plus l’emprise qu’exercèrent ces derniers. Nombreux furent ceux qui combattirent ouvertement les Fils et filles félons de Keraton. Les Anvelyon furent leur nom, ce qui signifiait dans l’ancien dialecte Nerifim « ceux qui ignorent l’éclat du soleil ». Ils menèrent la guerre contre les Rydwarda, des Elus divins, au nombre de mille, auxquels furent accordés de puissants pouvoirs, qui devinrent les porte-étendards et les glaives pourfendeurs de l’autorité des Dieux. Dotés d’une force qui n’avait pour seule égale que leur morgue légendaire, les Rydwarda eurent pour mission de mettre un terme aux rebellions. Comme emparés d’une rage sanguinaire et  destructrice, les Rydwarda menèrent de véritables génocides, provoquant l’extinction de peuples entiers en l’honneur des Dieux qu’ils servaient avec zèle et aveuglement. Plusieurs décennies plus tard, ce fut l’incompréhensible destruction de l’ancien continent d’Annamura qui suscita l’émoi de l’humanité : comment les dieux peuvent-ils décréter l'extermination de populations entières sous prétexte que ces dernières abritaient peut-être de dangereux ennemis ? Comment des dieux, qui doivent être servis avec déférence, pouvaient-ils être si cruels ? Faut-il abattre une personne, innocente au demeurant, avant qu’elle n’ait commit l’acte honni de la félonie ? Le peuple se questionna et saisit vite qu’un Dieu, s’il peut prétendre à découvrir la Vérité, était souvent incapable de la déduire, de la comprendre, et de la transmettre sans la pervertir. Soudainement, et tel un seul corps, comme se plaisent à narrer à l’envi les chroniqueurs des anciennes époques, l’humanité ne fut plus qu’Une pour soulever le joug divin, formant « Grande Fronde ».

Les morts furent innombrables, mais la victoire fut absolue. Les Dieux furent tués ou quittèrent ce monde, abandonnant les trônes qui étaient les leurs durant des millénaires. Les révolutionnaires ordonnèrent alors aux derniers adeptes de s’exiler avec les Dieux ou de renoncer à leur foi. Il fallait effacer des mémoires chaque Dieux. Certains ne devinrent que de vagues légendes auxquelles on n’y accordait guère plus de crédibilité. De la même manière, les Shairiens en profitèrent également pour disparaître, ayant vengé la mémoire de leur créatrice, tandis que les maîtres du temps, du moins ceux qui survécurent, se mêlèrent aux populations survivante afin de pacifier l'humanité, avant de se retirer, convaincus d’avoir réalisé les volontés de Keraton. A présent, l’Homme était au centre de tout et seul acteur de son existence. Le caractère sacré avait disparu et le peuple devait être gouverné par lui-même. On était alors à l’aube d’une nouvelle époque, marquant la fin du règne des Dieux-rois et laissant la place à la l’ère de l’Homme !