1. La Création (- 40 000 ans avant la naissance de Sola Invicta)

L'histoire débute naturellement avec la création. Malheureusement, les preuves solides et l'objectivité nécessaires pour d'autres événements mentionnés dans les chroniques suivantes ne peuvent être mises en œuvre à ce stade, chaque province, chaque culture, chaque religion et même chaque famille ayant une approche différente de la création de ce monde. Celle qui va suivre fait cela dit consensus, en dépit du fait que de nombreuses personnes la contestent.

« En premier lieu jaillit l’Univers, formé par la convergence et l'amalgame de nombreux autres univers individuels, chacun d'eux ayant été créés par d’obscures entités divines primitives que des collisions et agrégations ont mêlé, fondu puis solidifiés dans un Cosmos dont l’usage de quatre forces primordiales garantissait la cohérence, la stabilité ainsi que la pérennité, et d’où naquit « Keraton », le dieu ingénieur, l’entité première qui forgea l’ordre dans cet indescriptible chaos, et qui s’évertuant à lui assurer la Cohérence : vint le temps qui s’écoula, puis l’espace qui s’étendit incessamment, précédant l’apparition spontanée des énergies Primordiales qui irradièrent le Cosmos d’une manne démiurgique dont les galaxies et leurs astres, où s’épanouit  le fabuleux phénomène de Vie avec ses innombrables formes, sont les plus remarquables créations. Mais l’ouvrage que s’était assigné Keraton l’Ancien était vaste, fastidieux, et régir ce macrocosme de matières, ce véritable multivers démesuré, archaique, et instable à multiples endroits, se révélait une tâche complexe ; dans cette tâche eût-il décidé de solliciter l’aide de deux êtres, sa progéniture, Luvinia et Sinvgar, personnifiant respectivement les concepts d’ordre et de chaos, qui constituèrent ainsi l’inévitable dualité tirant son origine dans l’absolu antagonisme de leurs natures opposées mais paradoxalement complémentaires. De sorte, naquit de leurs amours, et de leurs querelles perpétuelles, un semblant d’équilibre que l’on peut percevoir dans chaque objet, chaque phénomènes, chaque infime détails composant notre monde, dans chaque hommes et dans chaque divinités...

Là, aux bordures d’une galaxie lointaine, dans un système solaire composé d’un soleil et de trois grandes étoiles, Earna, Luva et Ervinskr, et où gravitent autour cinq planètes, Terra, Océanos, Aezyr, Svanheir, et Théaléa, débute l’Odyssée de l’Humanité. »

2. La Génèse (- 20 000 ans Av-Si)

Cet air que tu respires, ces vertes et vastes prairies que tu foules, cette eau ruisselante que tu portes à tes lèvres, tout n’est que le fruit de chimie et de magie, un bien complexe mélange, qui a fait couler tellement d’encre sur ce que nous sommes : d’où venons-nous ? Pourquoi sommes-nous là ? Ces questions métaphysiques n’ont jamais ou presque trouver une réponse à travers les siècles et ce pour la simple raison que les Ages Ancestraux sont un véritable mystère qu’aucun témoin ne saurait conter. Tout n’est que légendes, de vieux souvenirs que certains Dieux encore osent se remémorer en la présence d’un dévôt des plus chanceux, ou des écrits rédigés par des mains inconnues qui sauraient, qui auraient vu l’ineffable. Mais qui peut le dire sans pourtant mettre en danger sa propre crédibilité ? Pourquoi un tel mystère ? Un culte ne doit-il pas sa pérennité et sa force de conviction aux histoires qu’il transmet dans le temps ? De quoi est tachée notre histoire ?

Il n’en était pourtant rien à nos premières heures. On raconte ainsi qu’un Dieu, à l’apogée de sa sagesse et à même de comprendre le plus grand mystère de notre monde, les rouages de la magie, put créer un monde, des êtres issus de son imagination, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, d’une montagne infranchissable à l’iris de vos yeux. Là réside toute la beauté de la création, celle qu’a détenu le premier, celui qui a façonné notre monde, un Dieu, au nom inconnu mais celui que, bien plus tard, on s’accorda à nommer « Keraton » dont l’origine provient d’un millénaire et oublié dialecte Nerifim qui signifie « Création ». On illustre souvent son œuvre dans l’art antique par le tableau représentant un paisible être humanoide flottant dans les cieux et dont le dos est ceint d’une horloge à l’effigie du soleil.

I - Histoire, Première Période : La Génèse 1500914837-keraton

Les motivations du Dieu Ingénieur demeurent un véritable mystère. Car après tout, pourquoi les hommes se trahissent, se battent, se tuent ? Pourquoi les hommes érigent-ils des empires qui se désagrègent à la saison suivante ? Pourquoi les peuples se font-ils la guerre et créent des révolutions ? Peut-être parce que la vie est un symbole, et que tout s’inscrit dans un cycle, de même pour un Dieu. De sa sagesse, c’est probablement d’un monde à son image qu’il a désiré peindre. N’ayant jamais désiré le rendre parfait car alors, sa peinture serait terne -  la lumière brille bien plus lorsqu’elle est contrastée par l’ombre -, il voulait que ce monde lui ressemble, parsemé de nuances et de beautés à découvrir, et que celui-ci devienne un beau spectacle, un théâtre dont l’histoire ne se terminerait jamais, qu’il pourrait observer sans jamais éprouver les affres de la lassitude. Et c’est ainsi que naquirent les tous premiers, ceux qui eurent pour maison une immense planète à découvrir, le ciel comme seul toit et leur souffle pour les tenir éveillés dans ces couleurs infinies, les êtres Humains.

3. L'essence divine  (- 15 000 ans Av-Si)

Qu’aurait valu la naissance d’un monde s’il était seul à l’apprécier ? Un Dieu peut-il éprouver la solitude ? Bien évidemment, si nous sommes bien à son image, alors il en était ainsi. Et puis, les premiers humains étaient dotés d’un pouvoir que Keraton lui-même n’aurait pas songé à leur donner. En effet, en leur conférant la vie, ces êtres furent également capables à leur tour de la donner, telle une aptitude que le Dieu aurait transmis à ces enfants. Naturellement, il trouva cela magnifique. A sa naissance, il n’y avait après tout que chaos et désordres, alors que les humains, qui n’avaient pas acquis la magie, se dispersaient sur son monde comme les bourgeons dans le vent. Rapidement, le temps vint à lui manquer pour observer tous ses enfants ainsi que les enfants de ses enfants et, après de mures réflexion, certains hommes devaient acquérir le même savoir que lui pour enfin atteindre la connaissance suprême car il aurait été bien égoïste de garder tel trésor pour lui.

Ainsi apparurent d’autres Dieux, des dieux aux pouvoirs inférieurs à ceux de Keraton, et, qui plus est, assigné à des tâches précises et de sphères d’influences prédéfinies, mais tout-à-fait capables, de sorte à pouvoir œuvrer avec lui. Il procéda alors de la manière suivante, choisissant parmi les humains deux couples méritants en raison de leur parcours, de leur recherche de connaissance et leur capacité à pouvoir s’élever. Pour être certain de ne pas se méprendre, il créa de ses propres mains deux autres Dieux qui n’ont jamais été des humains mais des prolongements de lui-même, autonomes et pensants, qui n’avaient ni sexe, ni visage, ni réelle apparence.  

L’élévation échoua cependant pour un homme dont on ne sait pratiquement rien si ce n’est qu’il y survécut,  qu’il fut comme possédé par une force le poussant à semer le chaos, et que son nom était Velnair. Eu égard à cette erreur, le Créateur scella son essence au cœur même de la planète d’Océania. Les trois autres furent élevés au rang de Dieux et les deux autres créations s’unirent. Alors Keraton fut satisfait. Ils pourraient à présent bénéficier de leurs soutiens pour agir là où il n’en avait plus la capacité, l’omniscience n’était après tout qu’une légende comme une autre.