Istrasie méridionale, Citadelle d'Hûrnebloadr - Keragoven AlthéaLes servantes conservèrent un silence de marbre. Certaines s'excusèrent néanmoins, d'autres s'emmuraient dans une mutité réprobatrice. Une servante ouvrit la porte menant vers ledit salon. Althéa entra dans une pièce où se trouvaient des lampes à huile, des buffets, une cheminée, qui conduisait à la fois vers un corridor et dans un escalier dérobé. Les rires étouffés, stridents le cas échéant, qu'elle put entendre était susceptible de mettre le comble à son irritation.
- Madame, le salon est par ici, lui dit la petite rouquine avec ce faux respect qui semblait être une raillerie de plus.
Une porte s'ouvrit au fond du long corridor éclairé par une petite lampe, Althéa y entendit à la fois la voix de Dame Drusilla, celle d'un jeune homme et le bruit d'un baiser. La demoiselle dut attendre, la comtesse aimant se faire désirer. La servante s'apprêtait à toquer que la porte s'entrouvrit, révélant un jeune homme blond qui correspondait exactement au type nordique.
- Je m'en vais, Rosa. Vous direz à Sire Sigimer que je l'ai attendu pendant plus d'une demi-heure, fit-il d'une voix sèche, impatiente, et dont l'accent trahissait ses origines étrangères.
- Mais,
mein Herr ferait mieux d'attendre encore un instant, messire Sigimer arrivera incessamment sous peu, répondit la servante.
L'étranger fit un geste dédaigneux, et congédia la rouquine d'un regard sévère. Cet impertinent, qui sans doute devait avoir le droit de l'être, chantonna ensuite quelques chansons germaniques en se dirigeant vers la fenêtre où stationnait Althéa, autant pour voir la figure de la jeune femme que pour regarder dans la cour.
- Bonjour, Madame, commença-t-il en arborant un sourire de complaisance, vous devez Althéa Keragoven, la future Dame d'Hûrnebloadr. Je suis enchanté de faire votre connaissance, déclara-t-il en tendant sa main, de manière à ce que la demoiselle lui donne la sienne, afin qu'il ne l'embrasse, ainsi qu'il était d'usage.